Critiques et courants de pensées, 09/11/10.

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Chapitre 3 : Qu'est ce que la catharsis ?

 

 

 

« Nous avons l'art afin de ne pas mourir de la vérité ».

Friedrich Nietzsche, « la volonté de puissance ».

 

Tableau : « Guernica », Pablo Picasso, 1937.

 

Ce tableau a été peint à la suite du bombardement d'un petit village espagnol (Guernica) le 26 avril 1937. La ville est détruite à 70% et 1 600 individus ont été tué ou blessés. Ce bombardement a lieu durant l'opposition des troupes républicaines et des nationalistes (Franco). Ce dernier demande l'aide de l'aviation allemande et c'est celle-ci qui fera le bombardement. Les franquistes nieront avoir un lien avec ce bombardement. Et les allemands déclareront qu'ils se sont trompés et qu'ils visaient en réalité le petit pont situé un peu plus loin (néanmoins, aucune bombe touchera ce pont).

 

Ce tableau est une commande du gouvernement républicain espagnol dans le but d'être exposée à l'exposition internationale de 1937 (exposition ou il y a un bâtiment par pays). Ce tableau mesure 7,8m en largeur et 3,5m de hauteur. C'est une exposition ou les pays veulent montrer leur opinion politique. Aujourd'hui, Guernica symbolise la dénonciation de toutes les guerres, cette oeuvre atteint alors une dimension universelle. On voit dans la peinture un bon moyen de dénoncer. En 1955, un milliardaire commande une tapisserie représentant ce tableau et il l'offre au siège des nations unies (aux USA). Il demande que cette tapisserie soit accrochée devant la salle ou se prennent les grandes décisions (salle du conseil de sécurité). Le 5 février 2003, au moment de voter l'invasion de l'Irak, Colin Powel devait faire une conférence de presse devant cette tapisserie mais les journalistes ont prétexté qu'ils n'arrivaient pas à cadrer avec la tapisserie derrière, donc celle-ci a été recouverte.

 

Goshka Macuga, « The nature of the Beast », Whitechapel Gallery de Londres.

Elle rappelle que la guerre moderne est une guerre économique.

 

Kevin Carter, « Vautour guettant une petite fille en train de mourir de faim », Soudan, 1993.

Journaliste qui est habitué à la confrontation à ce genre d'évènements. Cette photo sera publiée le 26 mars 1993. Le journal reçoit ensuite de nombreuses lettres, non pas de prise de conscience mais demandant ce qu'est devenu la jeune fille. Le journaliste déclarera qu'il ne sait pas ce qu'est devenu la jeune fille et, au fur et à mesure, il finira par être critiqué et recevoir des lettres de menace. Cette photo recevra le prix Putlizer. Quelques mois après, Kevin Carter se suicide. Le journalisme est la pour observer et transmettre, or, c'est ce qui est reproché à cette photo. On reproche à l'image de la violence et de la souffrance. Guernica est une transformation de la réalité qui rend la violence supportable.

 

 

Catharsis , terme d'origine grecque, il a 2 sens :

  • Il a un sens médical, c'est à dire, la purgation des humeurs, se débarrasser des substances qui nous gènent.

  • Il a un sens dans un contexte religieux de purification.

Certaines oeuvres provoquent en nous des émotions (qui peuvent être fortes) mais ces émotions dans l'art nous apprennent à maîtriser ces émotions dans la réalité. C'est ce que l'on appelle la catharsis. (exemple : on peut avoir du plaisir à pleurer après une séance de cinéma triste).

 

  1. La critique platonicienne de l'imitation.

 

Platon et le problème de la mimésis (imitation).

 

Dans le livre 10 de la république, Platon se demande comment réaliser une société juste. En première réponse, il dit qu'il faut immédiatement chasser les artistes de cette société. Il y a chez Platon une condamnation (surtout morale) de l'art et des artistes car ils introduiraient une forme d'injustice. Pourquoi chasser les artistes ? On va parler de l'image des trois lits. On peut distinguer 3 types de lits différents :

 

                           L'idée de lit

                          |                              |

                   |  imitation acceptable  |

              |                                              |

      Le lit sensible réalisé par l'artisan

     |                                                         |

  |             imitation condamnable         |

|                                                                 |

    L'image du lit réalisé par l'artiste

 

Joseph Kosurth, « One and Three chairs », 1965.

 

L'exemple du lit de Platon n'est pas choisi au hasard car le lit est un objet de la vie quotidienne, c'est le lieu ou l'on dort/rêve, c'est souvent le lieu ou l'on meurt. Deuxième étape dans l'argumentation de Platon, il va comparer l'artiste a un créateur de monde. L'artiste peut tout imiter et c'est une sorte de force alors que l'artisan imite qu'un certain type de choses. Pour Platon, l'artiste ressemble à un « sophiste », c'est à dire, quelqu'un qui a l'art d'argumenter, qui est capable de convaincre n'importe qui de n'importe quoi, qui manipule facilement l'opinion des autres. La bonne imitation c'est celle qui respecte les proportions, qui ne déforme pas l'objet. Cette « bonne imitation » (de l'artisan) est nommée « eïkastikè » par Platon. L'artiste lui effectuerait une mauvaise imitation car il produit des simulacres et Platon nommera celle la  (d'imitation) la « phantastikè » car on imite en déformant, en ne respectant pas les proportions, en faisant des contradictions (pour faire une colonne droite, il faut faire une colonne légèrement bombée). L'image s'adresse à une faiblesse de notre nature. Ces images ne sont de bonnes imitations que d'un certain point de vue. Platon va inventer la psychologie de la perception avec cette remarque. Une même grandeur, présentée de près ou de loin, semble changer de taille.

 

Hill, « Ma femme et ma belle mère », 1915.

La condamnation morale des images chez Platon.

 

Les imitations fantastiques qui déforment, créent en nous des émotions contraire,s de la joie et tristesse en même temps par exemple, qui nous font perdre la maîtrise de nous même. Or, une société juste est composée d'homme justes et un homme juste c'est celui qui garde la maîtrise de lui même. Il reste maîtrisé par sa raison. Finalement, au spectacle/théâtre, nous applaudissons des acteurs qui jouent des émotions alors que dans la réalité nous critiquons/réprouvons les gestes que nous applaudissons au théâtre.

 

Citation : « Mais a-t-on raison d'applaudir quand on voit un homme auquel on refuserait, que dis-je ? Au quel on rougirait de ressembler, et qu'au lieu d'éprouver du dégoût, on éprouve du plaisir et de l'admiration ? » (République, livre X, 605c).

 

Film de Orson Welles, « Othello », 1952. pièce racontant une histoire d'amour entre Othello et Desdémone. Othello est un capitaine, son bras droit veut en réalité prendre sa place (Iago). Il va faire croire à Othello que Desdémone est amoureuse de quelqu'un d'autre (le chef de la garde) de manière subtile. Acte 5, scène 2. Othello, fou de jalousie, décide de tuer Desdémone.

Les artistes créent le trouble au sein de la cité. Aristote va dire que ce trouble a une valeur positive.

 

  1. La catharsis aristotélicienne.

Aristote et la théorie catharsis.


                                                            Livre « La poétique »


                        Poésie                                                             Histoire

Représentation de l'universel                          Représentation du particulier

        Stylisation de la réalité                                       Copie de la réalité

                                |                                                                           |

                                |                                                                           |

Pour exalter les héros et les vertus                    Pour ridiculiser les vices

                           Livre I                                                                 Livre II

                                |                                                                           |

Epopée                     Tragédie                        Satire                         Comédie

Utilise                       S'adresse

des mots                    à la vue

                                                        |

                                              Catharsis

 

La Catharsis, la tragédie, vise deux émotions, soit la pitié, soit l'effroi mais au théâtre ces émotions sont atténuées et nous éprouvons alors une joie sereine en même temps que la pitié et l'effroi. Nous apprenons à maîtriser la pitié et l'effroi au moment de la représentation théâtrale.

 

Définition de la tragédie.

« La tragédie est l'imitation d'une action d'un caractère noble et menée jusqu'à son terme, d'une certaine étendue, dans un langage relevé d'assaisonnements d'une espèce particulière suivant les diverses parties ; imitation qui est faite par des personnages en action et non au moyen d'un récit, et qui suscitant pitié et crainte, opère la purification propre à pareille émotions. »

Aristote, « La poétique », (1449b 24).

 

 

  1. La distanciation brechtienne.

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